
Des congés sans solde pour disputer le Mondial des clubs: l'anomalie Auckland City

La nouvelle formule de la Coupe du monde des clubs va réunir à partir de samedi aux Etats-Unis certaines des équipes les plus prestigieuses de la planète comme le Real Madrid, le Paris Saint-Germain, Manchester City... Et puis il y aura Auckland City.
Dans un tournoi au milliard de dollars de dotation globale et avec une cohorte de stars comme Lionel Messi, Kylian Mbappé ou Ousmane Dembélé, la présence du club amateur néo-zélandais ressemble à une anomalie.
Etudiants, enseignants, représentants de commerce ou bien encore agents immobiliers: les Navy Blues entreront dans leur compétition face au Bayern Munich de Harry Kane dimanche (18h00) à Cincinnati (Ohio). Après le géant de la Bundesliga, ils affronteront deux autres poids lourds, le Benfica Lisbonne et les Argentins de Boca Juniors.
"C'est probablement le groupe dont nous rêvions", explique à l'AFP l'attaquant Angus Kilkolly, 29 ans, qui confie sa hâte d'y être.
"Pouvoir vivre des matches contre ces clubs, c'est un rêve pour nous. Etre sur le même terrain qu'eux, c'est quand même un peu fou", poursuit-il au téléphone, alors qu'il se rend sur son lieu de travail, dans la vente.
Treize fois vainqueur de la Ligue des champions d'Océanie, Auckland City est un habitué de la Coupe du monde des clubs depuis 2006. En 2014, la formation néo-zélandaise a même fini sur la troisième marche du podium. Mais il n'y avait alors que sept participants. La compétition cette année, élargie à 32 clubs, n'a plus rien à voir.
Le club, explique encore Kilkolly, est "un club familial où tout le monde est le bienvenu, où tout le monde se connaît, où on voit les mêmes gens à chaque match".
Dans leur stade pittoresque de Kiwitea Street, dans un quartier résidentiel de la ville la plus peuplée du pays, les Bleus et Blancs jouent devant 200 à 2.000 spectateurs, continue l'attaquant. "On a une belle boutique et tout le monde boit un verre après les matches".
- "L'impression d'être un footballeur professionnel" -
Sur le site spécialisé Transfermarkt, la valeur marchande théorique de l'attaquant qui a marqué en moyenne un match sur deux en près de 140 apparitions sous le maillot de l'ACFC est estimée à 250.000 euros.
Directeur des ventes dans une entreprise d'outils électriques, il décrit ses journées-types: embauche à 07h30, journée de travail et puis, trois à quatre fois par semaine, entraînement, retour chez lui vers 21h00.
Kilkolly ne touche pas de salaire de la part d'Auckland City, mais une indemnité plafonnée à 150 dollars néo-zélandais (environ 80 euros) par semaine pour financer par exemple son adhésion à une salle de muscu.
Et à l'image de ses partenaires en club, il n'a pas pris de vraies vacances depuis trois ou quatre ans, consacrant ses jours de congés au foot.
Partir aux Etats-Unis pour un mois sera même un sacrifice financier. "Je n'ai pas quatre semaines de congés payés annuels, il y a donc du congé sans solde mais c'est une occasion unique. Participer à cette Coupe du monde, c'est la possibilité de jouer sur une scène mondiale et d'avoir l'impression d'être un footballeur professionnel, sans en être un".
Du match à venir contre le Bayern, le plus haut niveau auquel les joueurs d'Auckland City se soient jamais confrontés, Kilkolly attend surtout que ses coéquipiers et lui ne nourrissent aucun regret au bout des 90 minutes. "Si nous pouvons quitter le terrain en nous disant qu'on a joué notre football, que nous avons fait de notre mieux, ce sera positif", dit-il.
Lui tentera en outre de récupérer le maillot d'Harry Kane, le prolifique attaquant du Bayern qui joue aussi avec un N.9 dans le dos - et dont Transfermarkt chiffre la valeur marchande à 75 millions d'euros. "Je pense qu'il gagne plus en une semaine que ce que je gagne en un an", plaisante-t-il.
Ch.Thomson--EWJ