
Australie: la meurtrière aux champignons vénéneux fixée lundi sur sa peine

La justice australienne se prononce lundi sur la peine infligée à une quinquagénaire qui a tué trois membres de sa belle-famille en leur servant des champignons vénéneux, épilogue d'une affaire qui a suscité effroi et fascination dans le monde entier.
Erin Patterson, 50 ans, est arrivée lundi matin à la Cour suprême de l'Etat de Victoria à Melbourne. Elle risque de passer le reste de sa vie en prison après avoir été reconnue coupable en juillet du meurtre des parents de son mari et de la tante de ce dernier, ainsi que de tentative de meurtre sur l'oncle de son époux.
Les faits remontent à un repas de famille de juillet 2023. Cette passionnée de cuisine mais aussi d'affaires criminelles avait servi une spécialité anglaise, un boeuf Wellington, avec des amanites phalloïdes -- un des plus dangereux champignons vénéneux. Trois invités sont morts, un seul a survécu.
Son mari, dont elle est séparée, avait décliné l'invitation.
Ses motivations restent mystérieuses à l'issue de plus de deux mois de procès à Morwell, petite ville rurale du sud-est de l'Australie, suivi par les médias et les férus d'affaires criminelles du monde entier.
Erin Patterson encourt la prison à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle, la peine maximale pour meurtre dans l'Etat de Victoria.
La défense soutient qu'elle doit pouvoir demander sa libération après 30 ans de prison, car sa notoriété sera synonyme d'isolement en détention.
- Mensonge -
A la table du repas organisé par Erin Patterson le samedi 29 juillet 2023: Don et Gail Patterson, les parents de son époux Simon. La tante de Simon, Heather Wilkinson, et l'oncle Ian, pasteur d'une église baptiste locale, sont également de la partie.
Simon, lui, avait décliné, expliquant son malaise face à cette invitation. "J'espère que tu vas changer d'avis", lui avait répondu Erin Patterson par SMS.
Séparés depuis 2015 sans avoir divorcé, leur relation se détériorait en raison d'un désaccord sur le versement d'une pension alimentaire.
Mme Patterson avait annoncé aux convives souffrir d'un cancer et demandé des conseils sur la façon dont elle devait l'annoncer à ses enfants, selon le parquet.
Pourtant, aucun dossier médical n'a fait état d'un tel diagnostic. Le ministère public en a conclu qu'il s'agissait d'un mensonge pour attirer ses convives.
Pour le repas, l'Australienne a mixé des filets de boeuf avec des champignons, enrobant le tout de pâte feuilletée pour confectionner du boeuf Wellington. Un plat "délicieux", aux dires de la tante Heather Wilkinson.
Les champignons, identifiés ensuite comme des amanites phalloïdes, peuvent avoir un goût sucré qui cache leur caractère toxique. Celles-ci comptent parmi les champignons les plus mortels de la planète et sont responsables de 90% de tous les décès dus à la consommation de champignons vénéneux.
Don, Gail et Heather ont succombé en une semaine. Seul Ian, le pasteur, a survécu, après des semaines d'hospitalisation.
- "Détective hors pair" -
Erin Patterson a été décrite comme une mère attentive, qui jouait un rôle actif au sein de la population locale, se portant volontaire pour éditer le bulletin du village.
Elle était aussi membre d'un groupe Facebook où elle discutait des meurtres australiens les plus célèbres. Son amie Christine Hunter a dit au procès qu'elle avait une réputation de "détective hors pair".
A la barre, Mme Patterson a assuré n'avoir voulu tuer personne et a maintenu que l'empoisonnement était accidentel.
A la fin du procès, la justice a cependant révélé qu'elle avait été soupçonnée par la police d'avoir tenté de tuer son époux à trois reprises entre 2021 et 2022. Il s'agissait déjà de plats empoisonnés, à savoir des pâtes à la bolognaise, du poulet korma et un wrap aux légumes.
Elle aura 28 jours pour faire appel après l'énoncé du verdict.
L.Scott--EWJ