English Woman's Journal - Un herbicide sur la sellette aux Etats-Unis pour son lien potentiel avec la maladie de Parkinson

Un herbicide sur la sellette aux Etats-Unis pour son lien potentiel avec la maladie de Parkinson


Un herbicide sur la sellette aux Etats-Unis pour son lien potentiel avec la maladie de Parkinson
Un herbicide sur la sellette aux Etats-Unis pour son lien potentiel avec la maladie de Parkinson / Photo: Handout - David Jilbert/AFP

D'abord ce fut l'apparition d'une certaine lenteur dans ses mouvements, puis un tremblement dans les mains, et à présent, la peur de ce qui l'attend. Quand le diagnostic de la maladie de Parkinson est tombé, il y a trois ans, David Jilbert a vu sa vie basculer.

Taille du texte:

Une nouvelle terrible à laquelle cet Américain est convaincu qu'il aurait pu échapper s'il n'avait pas été exposé au paraquat, un herbicide qu'il employait jadis contre les mauvaises herbes dans son vignoble de l'Ohio.

"Il ne s'agit pas seulement de moi", a insisté cet homme de 65 ans, venu participer à une audition sur le sujet au Congrès américain, auprès de l'AFP. "Il faut faire quelque chose".

Si le paraquat est disponible aux Etats-Unis, il est interdit dans plus de 70 pays, dont le Royaume-Uni où il est produit, la Suisse où se situe le siège social de l'entreprise Syngenta qui le commercialise, et la Chine dont l'entreprise publique Sinochem possède Syngenta.

L'agence américaine de protection de l'environnement (EPA) a longtemps soutenu qu'il pouvait être utilisé en toute sécurité s'il était employé conformément aux restrictions en vigueur.

Une position que des personnes atteintes de la maladie de Parkinson espèrent faire changer. Un tribunal a ordonné à l'agence de se prononcer sur le sujet d'ici au 17 janvier, après que 90 nouvelles études scientifiques lui ont été présentées par plusieurs associations.

- "Frustrant" -

Tout en assurant avoir "beaucoup de sympathie pour les personnes souffrant des effets incapacitants de la maladie de Parkinson", un porte-parole de Syngeta a assuré à l'AFP que "les preuves scientifiques ne permettent tout simplement pas d'établir un lien de cause à effet entre le paraquat et la maladie de Parkinson".

"Le paraquat est sans danger lorsqu'il est utilisé conformément aux instructions", a-t-il poursuivi dans un communiqué.

Plusieurs études sérieuses ont pourtant montré que les travailleurs agricoles manipulant le paraquat - ou vivant à proximité de zones où il est dispersé - présentaient une incidence plus élevée de cas de maladie de Parkinson.

Et s'il reste difficile de prouver une causalité directe entre l'herbicide et la maladie neurodégénérative, des recherches sur les animaux ont documenté les effets neurotoxiques du paraquat.

"Je trouve extraordinairement frustrant que les entreprises de produits chimiques se réfugient derrière" cette absence de preuve de "causalité" directe chez l'homme, a fustigé David Blacker, professeur de neurologie en Australie, lors d'une interview à l'association Pesticide Action UK.

"C'est là qu'intervient le principe de précaution (...) s'il y a un doute, surtout s'il existe des alternatives, il devient alors selon moi éthiquement et même moralement peu judicieux de continuer à utiliser ces produits", a-t-il estimé.

- "Peine de mort" -

En prenant sa retraite, David Jilbert rêvait de devenir vigneron. Au début des années 2010, il achète son terrain dans l'Ohio et se met à utiliser du paraquat - souvent vendu sous le nom Gramoxone - contre les mauvaises herbes.

Mais moins de dix ans plus tard, il commence à observer un ralentissement des mouvements de ses mains. Sa démarche, elle aussi, se fait plus traînante.

Quand le diagnostic tombe, David Jilbert est horrifié. Pour lui, c'est alors comme une "peine de mort". "Je pensais que si j'utilisais le produit de la manière indiquée sur l'étiquette, je ne tomberai pas malade", confie-t-il aujourd'hui à l'AFP, alors que les médicaments lui offrent un certain répit.

Charlene Tenbrink, 85 ans, propriétaire d'une ferme en Californie, était comme lui convaincue que les produits chimiques mis à la disposition des agriculteurs étaient sans danger lorsqu'ils étaient employés correctement.

Elle a pulvérisé du paraquat sur ses pruniers dans les années 1990 et a été diagnostiquée de la maladie de Parkinson en 2020. Avec M. Jilbert et d'autres malades, elle poursuit à présent l'entreprise Syngenta. Et quelle que soit la décision de l'EPA, ces affaires se poursuivront.

L'une de leurs avocates, Sarah Doles, soutient auprès de l'AFP que l'entreprise avait l'obligation légale d'alerter les consommateurs sur les effets nocifs du paraquat, mais qu'elle a "dissimulé l'information".

Pour Charlene Tenbrink, il est vital de retirer cet herbicide du marché, d'autant plus que la maladie de Parkinson est "terrible", souffle-t-elle. "Nous savons qu'il n'y a pas de remède et que la situation va empirer. C'est effrayant".

T.Wright--EWJ

En vedette

Chaleur extrême: l'Arabie saoudite se prépare au "pire scénario" pour le hajj

A Mina, ville éphémère de tentes près de La Mecque, les équipes d'un hôpital saoudien sont prêtes à prendre en charge un raz-de-marée de pèlerins, à la veille du hajj, le grand pèlerinage musulman, qui se tiendra cette année encore sous des chaleurs extrêmes.

Nouvel espoir pour le traitement de certains cancers du sein agressifs

Un nouveau traitement réduit de moitié les risques de progression, voire de décès, dus à une certaine forme de cancer du sein qui n'avait pas vu de progrès thérapeutiques significatifs depuis plus de dix ans, selon une étude publiée lundi.

Chikungunya: Mayotte est passée en phase d'épidémie, selon Santé publique France

Mayotte est passée en phase d'épidémie pour le chikungunya, avec une "transmission intense et généralisée" sur tout le territoire de cette maladie virale transmise par les piqûres de moustiques infectés, ont indiqué lundi les autorités sanitaires, insistant sur une intensification des mesures de riposte.

Suppression des ZFE: la ministre de la Transition écologique dénonce "cynisme" et "démagogie"

La ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher a dénoncé dimanche "le cynisme" et "la démagogie" des députés qui ont voté la suppression des zones à faibles émissions (ZFE), alors que la pollution de l'air est "un sujet de santé publique majeur".

Taille du texte: