Plus puissant ouragan en 90 ans, Melissa provoque des "dégâts considérables" à Cuba
L'ouragan Melissa, plus puissant à toucher terre en 90 ans, a causé des "dégâts considérables" à Cuba, selon le président de l'île où plus de 700.000 personnes ont été déplacées.
"La nuit a été très complexe", a déclaré le chef de l'État cubain Miguel Díaz-Canel sur son compte X, sans fournir plus de précisions concernant les dommages, mais en demandant aux Cubains "de rester bien à l'abri" en raison de l'ouragan toujours présent avec des vents très violents.
Les rues de Santiago de Cuba, à l'est de l'île, sont inondées, jonchées de débris divers, des arbres sont à terre comme des poteaux électriques, constatent des journalistes de l'AFP sur place.
Dans un hôtel de la ville où des vitres se sont brisées et des plafonds se sont écroulés, l'équipe de l'AFP ne peut encore sortir en raison de la force des vents et des nombreux débris qui tourbillonnent, mais a pu constater que de nombreuses maisons alentours sont inondées en raison de l'intensité des pluies accompagnant l'ouragan.
La tempête évolue entre les catégories 3 et 5, la plus élevée sur l'échelle de Saffir-Simpson, avec des vents dépassant encore mercredi les 200 kilomètres heure, selon le Centre national américain des ouragans (NHC).
"L'ouragan Melissa, extrêmement dangereux, touche la côte sud-est de Cuba", a indiqué le NHC. Il doit ensuite toucher les Bahamas et les environs des Bermudes.
- Record de 1935 -
En frappant la Jamaïque mardi, Melissa a atteint le record de 1935 de l'ouragan le plus intense au moment de toucher terre, selon une analyse AFP des données météorologiques de l'Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique (NOAA).
Le record est détenu depuis 90 ans par l'ouragan Labor Day, qui a dévasté l'archipel des Keys, en Floride (sud-est des Etats-Unis), en 1935 avec des vents approchant également 300 km/h et une pression atmosphérique minimale de 892 millibars.
Les autorités cubaines ont fait état de 735.000 personnes évacuées, notamment dans les provinces orientales de Santiago de Cuba, Holguín et Guantánamo.
Elles ont déclaré "l'état d'alerte" dans six provinces de l'est de l'île. "Nous avons acheté du pain, des spaghettis, de la viande hachée. Ce cyclone est sérieux, mais nous allons nous en sortir", a assuré à l'AFP Graciela Lamaison, à Santiago de Cuba.
"Une maison s'est effondrée à Mariana de la Torre, mon Dieu, je vous en prie", a pour sa part écrit un habitant de Santiago, la deuxième ville de l'île, sur Facebook. "Nous sommes tous en train d'être inondés", a alerté une autre habitante de la ville.
À El Cobre, (Santiago de Cuba), les secours tentaient de secourir 17 personnes bloquées par la montée des eaux et un glissement de terrain, selon les médias d'Etat.
- "Les eaux emportent tout" -
"Nous sommes à l'abri et essayons de rester calmes", a déclaré, parmi les personnes isolées, le rhumatologue Lionnis Francos au site d'information officiel Cubadebate. Ce dernier n'a pas évoqué de pertes humaines.
Deux enfants, cinq personnes âgées, des asthmatiques et des hypertendus figurent parmi les personnes bloquées. "Les secouristes sont arrivés rapidement. Ils nous ont appelés, mais n'ont pu traverser car la route est coupée", a ajouté le médecin.
Selon Cubadebate, "les eaux descendent en emportant tout sur leur passage" dans la chaîne montagneuse de la Sierra Maestra. Dans plusieurs autres communautés de la région, de vastes zones de basse altitude "sont inondées, mais l'obscurité et les limitations de mouvement empêchent de déterminer s'il y a des pertes".
En Haïti, à l'est de Cuba, les autorités ont ordonné la fermeture des écoles, commerces et administrations. Avant même de toucher terre en Jamaïque, l'ouragan y avait fait trois morts, ainsi que trois autres en Haïti et un en République dominicaine.
Selon Desmond McKenzie, ministre des collectivités locales, "plus de 530.000 Jamaïcains (...) sont privés d'électricité. Des travaux sont en cours pour rétablir notre service et donner la priorité aux (...) hôpitaux, stations de pompage et stations de traitement des eaux".
Saint Elizabeth, paroisse du sud-ouest de l'île, peuplée par 150.000 personnes et "grenier à blé" de la Jamaïque, a été submergée. Les dégâts y "sont considérables (...), toute la Jamaïque a subi les effets dévastateurs de Melissa", a ajouté le ministre. Plusieurs hôpitaux ont été endommagés.
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P.Munro--EWJ